Plan de maintenance : le guide absolu pour une rédaction parfaite

Comment rédiger un plan de maintenance et en quoi consiste-t-il ? Qui doit le faire et quand est-il considéré comme obligatoire ?

Dans cet article, nous répondons aux questions les plus fréquemment posées sur sa rédaction et voyons ensemble comment élaborer un plan de maintenance correct et efficace.

Qu’est-ce qu’un plan de maintenance ?

Un plan de maintenance est un document annexé au projet structurel d’un ouvrage ou d’une installation, qui décrit, planifie et programme les activités de maintenance nécessaires pour maintenir au fil du temps les caractéristiques de fonctionnalité, de qualité et d’efficacité de l’actif, ainsi que sa valeur économique.

Il est toutefois important de clarifier immédiatement ce que l’on entend par plan de maintenance.

En général, lorsqu’on parle de plan de maintenance, on fait référence au plan de maintenance de l’ouvrage, public ou privé, tel que réglementé par les articles R. 2431-4 et R. 2171-2 du Code de la commande publique.

Il existe également d’autres types de plans de maintenance. C’est le cas, par exemple, de ceux élaborés par la direction d’une entreprise pour établir des politiques et des stratégies de maintenance à appliquer à ses installations, dans le but d’en améliorer l’efficacité et la fiabilité.

Bien que des différences existent au niveau des normes applicables, leur rédaction et leur contenu ne diffèrent pas de ceux que l’on retrouverait dans un plan de maintenance d’un ouvrage, tel que décrit ci-dessous.

Définition normative du plan de maintenance

Selon le Programme d’Exploitation Maintenance Générique :

« Le plan de maintenance est un document établi pour programmer et définir les ressources nécessaires, pour planifier, réaliser, contrôler et réajuster si besoin les prestations d’Exploitation-Maintenance. »

Cette description souligne l’importance d’une planification détaillée des activités de maintenance, y compris la définition des ressources nécessaires et l’adaptation continue des opérations de maintenance en fonction des besoins.

La norme française NF EN 13306 définit le « plan de maintenance » comme :

« Ensemble structuré de tâches qui comprennent les activités, les procédures, les ressources et la durée nécessaires pour exécuter la maintenance. »

Cette définition indique ce que couvre et ce que comprend un plan de maintenance, c’est-à-dire un ensemble organisé de tâches spécifiant les activités à réaliser (liste de contrôle), les procédures à suivre (flux), les ressources à employer et la durée nécessaire pour effectuer les opérations de maintenance.

Pourquoi faire un plan de maintenance ?

L’objectif de la maintenance d’une installation, qu’elle soit ordinaire ou extraordinaire, est de maintenir ses performances aussi inchangées que possible au fil du temps, en évitant les arrêts imprévus et les pertes de production ou d’efficacité.

La mise en œuvre d’un plan de maintenance préventive ou d’un programme de contrôles et d’inspections permet également de maximiser le cycle de vie utile de l’installation, en ralentissant les effets de l’usure.

Elle permet également de réduire les consommations (électricité, gaz, etc.), les temps et les coûts de maintenance, ainsi que les risques pour l’environnement et la sécurité des personnes.

Le plan de maintenance d’une installation est élaboré à partir des plans d’exécution, en utilisant les informations proposées par le fabricant et sa propre expérience, et en l’optimisant au fil du temps sur la base des données que nous sommes en mesure de rassembler (par exemple, des métriques de maintenance telles que le MTBF peuvent être utilisées pour découvrir d’éventuelles inefficacités, ou une Analyse des Causes Racines – Root Cause Analysis – pour identifier les composants les plus à risque et évaluer les solutions les plus efficaces).

Les entreprises à forte intensité d’actifs adoptent souvent des plans de maintenance préventive pour gérer leurs installations. Dans ce cas, l’objectif n’est plus la conformité réglementaire, mais la maximisation de la production, la réduction des temps d’arrêt et la diminution des coûts de maintenance des installations industrielles.

Pour atteindre cet objectif, même après sa rédaction, un plan de maintenance ne doit jamais être considéré comme un document définitif.

Parfois, un plan de maintenance préventive ne suffit pas, alors que dans d’autres cas, plus simplement, nous ne faisons que gaspiller de l’argent sans ajouter de valeur à la performance de l’actif.

Pour être vraiment efficace, un plan de maintenance d’usine doit faire l’objet d’un contrôle constant, d’une analyse minutieuse de certaines mesures de maintenance et d’un suivi des indicateurs de maintenance et KPI que nous avons établis lors de l’élaboration du plan de maintenance.

C’est pourquoi les logiciels de maintenance, tels que la GMAO, peuvent être d’une grande aide pour optimiser les processus et les plans de maintenance de nos usines, en nous fournissant les données dont nous avons besoin pour améliorer les processus et augmenter la valeur de notre travail.

Comment faire un plan de maintenance ?

Un plan de maintenance est un document clé qui doit être élaboré en prenant en compte l’état réel de l’ouvrage ou de l’équipement. Il est fondé sur les principes définis par les normes telles que la NF EN 13306, qui encadre la maintenance en termes de méthodologie, d’activités et d’objectifs.
Le plan doit recenser tous les équipements et infrastructures composant l’ouvrage, en portant une attention particulière aux installations techniques et aux systèmes complexes.

Les normes et directives environnementales, notamment celles alignées sur la réglementation européenne et les critères définis par la directive 2014/24/UE, imposent que les aspects de durabilité et d’efficacité énergétique soient intégrés dans le plan de maintenance.

L’élaboration du plan est généralement à la charge du concepteur ou du maître d’œuvre, qui doit non seulement identifier les performances attendues de l’ouvrage, mais également proposer des stratégies pour maintenir ces performances dans le temps.

Les exigences de performance et les contrôles prévus par les critères environnementaux minimaux doivent également être inclus dans le plan de maintenance, conformément aux dispositions du Code de la commande publique (articles R. 2431-4 et R. 2171-2).

Quant à sa rédaction, elle peut être effectuée par des professionnels qualifiés, tels que des ingénieurs, architectes ou techniciens, sans restrictions spécifiques, en respectant les normes et pratiques en vigueur.

En quoi consiste un plan de maintenance?

1. Manuel d’utilisation : contient des instructions pour l’utilisation correcte de l’ouvrage ou de l’équipement.
2. Manuel de maintenance : détaille les procédures de maintenance nécessaires pour préserver l’efficacité et la qualité de l’ouvrage.
3. Programme de maintenance : comprend la planification des activités, avec les délais et les responsabilités, et est structuré en plusieurs parties :
   

• Sous-programme des performances : spécifie les exigences de performance à maintenir.
• Sous-programme des contrôles : spécifie les vérifications et contrôles réguliers nécessaires.
• Sous-programme des interventions : détaille les interventions de maintenance préventive et corrective.

1. Manuel d’utilisation

Le manuel d’utilisation sert à familiariser l’utilisateur avec l’utilisation et la manipulation correctes de l’équipement faisant partie d’un projet.

L’inclusion du manuel d’utilisation dans un plan de maintenance a pour but de limiter au maximum les dommages résultant d’une mauvaise utilisation de l’équipement, en permettant au personnel technique de reconnaître les anomalies et d’effectuer toutes les opérations de gestion et de conservation du bien qui ne requièrent pas de connaissances spécialisées.

Le Code de la commande publique (Art. R. 2431-4) concerne les missions de base des travaux publics, dont la maintenance ; il implique la nécessité d’un plan de maintenance détaillé et précise les informations que doit contenir le manuel d’utilisation, tandis que la NF P 03-001 détaille les informations qui doivent figurer dans le manuel d’utilisation, telles que les instructions pour l’utilisation correcte de l’ouvrage ou de l’installation :

• l’emplacement et la position des parties concernées
• la représentation graphique du bien avec toutes ses parties
• la description technique du bien
• la méthode d’utilisation correcte.

La représentation graphique du bien dans le manuel d’utilisation comprend une décomposition du bien en toutes ses parties. La personne qui établit le plan de maintenance peut se référer aux tables de conception à cet effet.

Norme NF P 03-001 – Sections relatives au manuel d’utilisation.

La norme NF P 03-001 détaille les informations qui doivent figurer dans le manuel d’utilisation, telles que les instructions pour l’utilisation correcte de l’ouvrage ou de l’installation.

2. Manuel de maintenance

Le manuel de maintenance doit fournir les indications nécessaires à l’entretien correct d’un bien et de ses composants.

Il met l’accent sur les unités technologiques présentes, en les identifiant comme les parties les plus importantes d’un bien.

Contrairement au manuel d’utilisation, qui est plus technique et prévoit la décomposition du bien en toutes ses parties, le manuel de maintenance doit contenir une sorte d’arbre des défaillances, avec toutes les anomalies susceptibles de se produire et le niveau minimum de performance, ainsi que les personnes qui devront effectuer ces opérations : certaines anomalies peuvent en effet être résolues par du personnel non spécialisé, tandis que pour d’autres types d’intervention, il peut être nécessaire de faire appel à des centres d’assistance/service spécialisés.

Ce dernier point est l’un des contenus centraux du manuel d’entretien.

Au stade de la conception, le manuel d’entretien ne peut être qu’une ébauche du produit final, qui doit être complété par les caractéristiques des différents équipements, y compris des éléments tels que la marque, le modèle, le numéro de plaque, etc.

Norme NF P 03-001 – Sections relatives au programme de maintenance.

La norme précise comment doit être structuré le programme d’entretien, y compris les sous-programmes de performance, de contrôle et d’intervention.

Exemple pratique:

Dans le cadre de la maintenance d’un ascenseur, certaines interventions peuvent être réalisées par un utilisateur sans qualifications spécifiques. Par exemple, le remplacement d’une ampoule pour l’éclairage de la cabine peut être effectué par le propriétaire ou un employé formé aux tâches simples. En revanche, des pannes liées au moteur ou au panneau de commande nécessitent l’intervention d’un technicien agréé pour garantir la conformité et la sécurité.

Vocabulaire

La rédaction correcte d’un manuel de maintenance nécessite l’utilisation d’un langage technique, distinguant par exemple les différents types d’intervention ou de panne. Voici un bref vocabulaire utile.

• Maintenance : par maintenance, on entend l’ensemble des activités techniques et administratives visant à préserver ou à restaurer la fonctionnalité ou l’efficacité d’un appareil ou d’un système.
• Fiabilité : la fiabilité d’un bien est définie comme sa capacité à conserver une fonctionnalité et une efficacité intactes tout au long de sa durée de vie utile, c’est-à-dire la période de temps qui s’écoule entre sa mise en service et le moment où survient une détérioration ou une défaillance irréparable, ou encore le moment où la réparation n’est plus économique.
• Durée de vie présumée : la durée de vie utile qui peut être raisonnablement attribuée à un bien sur la base de l’expérience ou des indications données par le fabricant.
• Détérioration : lorsqu’un appareil ou un équipement présente une diminution de son efficacité ou de son fonctionnement.

On parle alors de

• Contrôle : activité impliquant la vérification de la fonctionnalité ou de l’efficacité d’un appareil ou d’une installation.
• Révision : activité générale de contrôle d’un bien qui peut impliquer le démontage, le remplacement de certaines pièces, la rectification, le nettoyage, etc.
• Maintenance en cas de besoin : politique de maintenance corrective (dépannage) menée en réponse à une défaillance, un dysfonctionnement ou une détérioration.
• Maintenance préventive : désigne une politique de maintenance pour laquelle des opérations sont effectuées périodiquement, selon un calendrier préétabli, dans le but de prolonger le cycle de vie du bien, de limiter et de prévenir les pannes.
• Maintenance programmée (ou Maintenance Systématique): politique de maintenance préventive dans le cadre de laquelle des opérations sont programmées pour être effectuées périodiquement, selon un programme et un calendrier préétablis.
• Maintenance conditionnelle : politique de maintenance visant à effectuer des interventions sur la base de l’état spécifique du bien. Elle implique parfois le relevé de compteurs ou l’installation de capteurs.

Il est également utile de faire la distinction entre deux types de maintenance: les interventions de maintenance ordinaire et extraordinaire, selon les critères définis par les normes françaises, notamment la NF EN 13306 et les bonnes pratiques issues des normes comme la NF P 03-001. 

• Maintenance ordinaire (ou corrective simple)
  La maintenance ordinaire concerne les interventions réalisées sur place, à l’aide d’outils et d’équipements courants. Elle se limite à des réparations mineures et inclut l’utilisation de petites pièces de rechange ou de consommables prévus, comme des joints, des fusibles, ou d’autres composants de faible valeur.
• Maintenance extraordinaire (ou corrective complexe)
  La maintenance extraordinaire englobe des interventions nécessitant des moyens techniques importants (échafaudages, engins de levage, etc.) ou des équipements spécialisés. Cette catégorie inclut également les opérations qui entraînent une modification du volume ou de la structure de l’équipement ou du bien.

La norme NF E 51-790 – Maintenance – Terminologie

Définit la terminologie de la maintenance, en fournissant un cadre pour l’inspection et l’entretien des installations.

3. Programme de maintenance

Le dernier document à inclure dans un plan de maintenance est le programme de maintenance.

Le programme de maintenance prescrit une série de contrôles et d’inspections à effectuer à des intervalles prédéfinis afin de surveiller l’état de santé, le fonctionnement et les performances d’un bien. En d’autres termes, il s’agit de planifier la maintenance qui sera nécessaire.

Le programme d’entretien est à son tour divisé en trois sous-programmes distincts, à savoir

• le sous-programme de performance
• sous-programme de contrôle
• le sous-programme d’intervention

Le sous-programme sur la performance :

Le sous-programme sur les performances prend en compte les performances d’un bien ou de ses parties, tout au long de son cycle de vie. Le concepteur est donc tenu d’identifier, pour chaque partie de l’ouvrage et pour chacun de ses composants, les exigences et les performances correspondantes.

Il s’agit sans aucun doute de l’élément le plus innovant par rapport aux réglementations précédentes en la matière.

Sous-programme de contrôle :
Le sous-programme de contrôles définit le programme de vérifications et de contrôles prévu pour surveiller les niveaux de performance d’un bien ou d’une installation aux différents moments de son cycle de vie, tant d’un point de vue qualitatif que quantitatif.

Sous-programme d’interventions :

Le sous-programme des interventions de maintenance présente les différentes interventions de maintenance prévues, dans le but de fournir un calendrier pour les interventions qui peuvent être de nature ordinaire ou extraordinaire et dont nous savons déjà qu’elles seront nécessaires au cours du cycle de vie de l’actif.

Note : Le but du programme d’entretien est d’assigner un délai aux interventions qui ont été indiquées dans le manuel de maintenance comme étant nécessaires ou prévues afin de maintenir intactes les conditions d’utilisation du bien au fil des ans.

On peut donc dire que le programme de maintenance découle directement des éléments qui composent le manuel d’entretien.

Article R. 2431-4 du Code de la commande publique.

Précise les responsabilités du maître d’œuvre dans l’élaboration des documents de maintenance.

Structurer un sous-programme de contrôles : la courbe en baignoire

La probabilité de défaillance d’un équipement ou d’une installation critique suit souvent une courbe en forme de baignoire. Les deux pics à gauche et à droite du graphique représentent respectivement la probabilité de ce que l’on appelle la mortalité infantile d’un bien et la probabilité d’un bien en fin de vie. Lors de la structuration d’un plan de maintenance et de son sous-programme de contrôles, il convient de garder cette tendance à l’esprit.

L’objectif est d’identifier la dynamique inhérente à la baisse de performance ayant comme extrêmes la valeur d’essai et la valeur minimale requise par les normes ou estimée par lui.

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